dimanche 19 avril 2015

Racisme structurel : vivre comme un piéton sur une autoroute

Le journal en ligne Street Press relate les violences policières qu'a subies Hassan, le 17 février 2015, à Dreux. Soupçonné d'être l'auteur d'un braquage dans une banque, Hassan Cherifi a reçu des éclats de verre dans l'oeil quand un policier a enfoncé la vitre de sa voiture, il a également reçu des coups de crosse et des insultes racistes. Il sera mis hors de cause quelques jours plus tard, puisqu'au moment du braquage, il se trouvait...dans les locaux de la sous-préfecture.
Hassan risque de perdre l'usage de son oeil, et il se retrouve aujourd'hui au chômage.
Un bon exemple de racisme structurel.

Qu'entend-on par racisme "structurel", cette expression souvent contestée ?

Être"pris pour un AUTRE" par la police est quelque chose qui peut arriver à tout le monde. Mais si tu n'es pas arabe ou noir, ce n'est pas un danger que tu éprouves au quotidien, une possibilité que tu perçois comme banale. Tu peux te faire écraser par une voiture folle, mais tu n'y penses pas à chaque fois que tu traverses un passage piéton.

Subir le racisme structurel, c'est vivre dans une société où les passages piéton n'existent pas pour toi. Tes parents le savent et te diront, très jeune, de ne pas aller dans certains endroits où les autres vont, tu auras peur des voitures que les autres ne craignent pas.

Subir le racisme structurel, c'est aussi que tout le monde s'en foutra si tu te fais simplement bousculer sur le passage piéton, tout le monde le verra comme un aléa de la circulation, nécessaire à la fluidité du trafic. C'est comme ça que les contrôles au faciès avec humiliations sont plutôt bien tolérés, le fait que la police vérifie en permanence que tu n'es pas un AUTRE, tout en te faisant comprendre que tu en es un de toute façon.
 

Subir le racisme structurel , c'est enfin voir le chauffard qui t'a écrasé et mutilé continuer sa vie pendant que tu souffres et qu'on t'interroge et te suspecte, parce que , quand même, tu as bien la tête d'un AUTRE. C'est savoir que porter plainte contre les chauffards est un acte au moins aussi douloureux et dangereux que l'accident lui-même.
 

Le racisme structurel ne peut pas être combattu par la structure sociale elle-même, sans qu'elle se remette en cause un minimum. C'est pour ça que les plans gouvernementaux de lutte contre le racisme peuvent être utiles sur certains points, mais pas contre le racisme structurel. Parce que ce racisme là n'est pas perçu comme racisme , tout simplement.
C'est juste éventuellement, et rarement, très rarement, une "bavure".

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