jeudi 23 juillet 2015

Dix ans après: Anders Breivik symbolise et inspire le terrorisme d'extrême-droite






                                               Les 77 victimes de Breivik


22 juillet 2021: un dixième anniversaire sous le signe du trauma

Dix ans après les attaques perpétrées par Anders Behring Breivik, le 22 juillet 2011 en Norvège, les survivants et les proches des victimes ne pourront pas se recueillir devant le mémorial national en hommage aux 77 personnes tuées. Sur le quai, en face de l'ile d'Utoya, à une quarantaine de kilomètres d’Oslo, le monument n’est toujours pas achevé. En 2017, un premier projet avait dû être abandonné, sous la pression des riverains. 

Seize d’entre eux ont depuis traîné l’Etat et la Ligue des jeunes travaillistes (AUF) en justice, pour tenter de bloquer – en vain – les 77 colonnes de bronze, en cours de construction, sur les berges du fjord d’Oslo.

Pour Astrid Hoem, présidente d’AUF depuis décembre 2020, l’absence de mémorial officiel, dix ans après la tuerie la plus meurtrière commise en Norvège depuis la seconde guerre mondiale, est « une honte ». Comme de nombreux jeunes travaillistes, elle y voit un symbole : celui de l’incapacité de son pays et de ses habitants « à se mettre d’accord sur ce qui s’est vraiment passé » le 22 juillet 2011 et à reconnaître « le caractère idéologique des attentats ».

L’été 2011, Astrid Hoem avait 16 ans. Pour rien au monde elle n’aurait manqué les universités d’été d’AUF, organisées à Utoya depuis 1950. Le 22 juillet, ils étaient 564 sur l’île de 12 hectares. La plupart avaient moins de 20 ans. Leurs téléphones ont sonné, en milieu d’après-midi : une bombe venait d’exploser devant le siège du gouvernement à Oslo, faisant huit morts et des dizaines de blessés. Les leaders d’AUF ont tenté de rassurer les plus jeunes : à Utoya, ils se trouvaient « dans l’endroit le plus sûr au monde ».

Deux heures plus tard, les premiers coups de feu claquaient sous la pluie. Le massacre a duré un peu plus d’une heure. Astrid s’est cachée dans une faille, au bord de la falaise. Déguisé en policier, Anders Behring Breivik, 32 ans, a tué 69 personnes et blessé une centaine d’autres.

« Le pire a failli se reproduire »

Pendant des années, les survivants ont peu parlé, livrant une version édulcorée des événements. « Je ne voulais pas être Astrid d’Utoya », confie la leader d’AUF. « C’était tellement douloureux que je n’avais pas envie d’accabler les gens autour de moi », ajoute Tonje Brenna, secrétaire générale de l’organisation à l’époque. En mai, la jeune femme, âgée de 33 ans, a finalement décidé de tout raconter dans un livre, sans omettre le moindre détail, parce qu’« il est indispensable que les gens comprennent ce qu’est la terreur », explique-t-elle.

Ces derniers mois, de nombreux survivants se sont mis à témoigner. Tous avec le même objectif. « Il faut qu’on arrête de parler du 22 juillet comme d’une catastrophe naturelle terrible, ou de quelque chose de tellement horrible qu’on ne pourrait pas le nommer et qu’on admette que c’était un acte politique, commis par un homme », résume Elin L’Estrange, elle aussi rescapée d’Utoya.


Les jeunes travaillistes espèrent un sursaut de la société norvégienne face à la montée de la menace d’extrême droite, sur laquelle alertent régulièrement les services de renseignement. « Après le 22 juillet, nous pensions qu’il y aurait un reflux des idées portées par Breivik, mais c’est le contraire qui s’est passé », se désole Eskil Pedersen. Chef de file d’AUF il y a dix ans, il était une des principales cibles du terroriste. Il n’a eu la vie sauve qu’en s’échappant à bord du ferry qui avait conduit le tueur sur l’île.   
Comme de nombreux rescapés, Eskil Pedersen est amer : « Au moment des attaques, nous avons dit : “Plus jamais ça. Et, pourtant, le 10 août 2019, le pire a failli se reproduire. » Ce jour-là, Philip Manshaus, 21 ans, admirateur de Breivik, a assassiné sa demi-sœur avant de se rendre à la mosquée de Baerum, près d’Oslo, où il comptait « tuer le plus de musulmans possible ». Ce n’est que parce que des fidèles ont réussi à le neutraliser que le massacre a pu être empêché.

« Culture du consensus »

Dès le 22 juillet, les jeunes travaillistes ont espéré une réaction. Mais quand Eskil Pedersen a tenté de lancer un débat sur la rhétorique utilisée au Parlement pour parler des immigrés, il a été accusé de vouloir limiter la liberté d’expression. « Pendant ce temps-là, Fjordman [un blogueur, mentor de Breivik] a reçu une bourse de l’association Fritt ord [“Le mot libre”] pour écrire un livre », s’insurge Elin L’Estrange. Les jeunes travaillistes critiquent les subventions versées par l’Etat à la fondation islamophobe et conspirationniste Human Rights Service ou l’invitation du chef de file de l’organisation Stop Islamisation of Norway sur la chaîne publique NRK.


Ils ont aussi été profondément choqués par le message, publié en mars 2018 sur Facebook, par la ministre de la justice,  Sylvi Listhaug – aujourd’hui dirigeante du Parti du progrès (FrP), une formation d’extrême droite dont Breivik a été membre une dizaine d’années. Elle y affirmait que le Parti travailliste « pense que les droits des terroristes sont plus importants que la sécurité de la nation » : un message rappelant les théories conspirationnistes du tueur. Mme Listhaug a fini par démissionner.

Mais, à cette occasion, le Parti travailliste et AUF ont de nouveau été accusés de « jouer la carte du 22 juillet », ce qui leur est fréquemment reproché, par la droite notamment. Un sondage, réalisé au printemps par le Centre de recherche sur l’extrémisme à l’université d’Oslo, montre que 30 % des personnes interrogées pensent ainsi qu’AUF et les travaillistes ont exploité la tragédie à des fins politiques. « C’est pourtant le contraire qui s’est produit », affirme le chercheur Anders Jupskas Ravik, qui rappelle les efforts du Parti travailliste, au pouvoir, pour éviter les divisions.

« Trois quarts des Norvégiens ont participé à un hommage. Les jeunes venaient de toutes les régions et beaucoup de gens connaissaient quelqu’un à Utoya », Tore Witso Rafoss, sociologue

Dans son premier discours, le soir du 22 juillet 2011, et tous ceux qui ont suivi ensuite, le premier ministre d’alors, Jens Stoltenberg, a pris soin de dénoncer « une attaque contre la démocratie et la Norvège ». Aujourd’hui encore, c’est cette version qui domine. « Il y a un véritable paradoxe », reconnaît le sociologue Tore Witso Rafoss. Car les attentats ont bien affecté tout le pays : « Trois quarts des Norvégiens ont participé à un hommage. Les jeunes venaient de toutes les régions et beaucoup de gens connaissaient quelqu’un à Utoya. » Mais « Breivik a visé un parti en particulier », rappelle le sociologue.

Or, même les travaillistes ont mis très longtemps à le reconnaître. L’historien Hallvard Notaker y voit un effet de la « culture du consensus » en Norvège : après les attaques, il fallait avant tout préserver l’unité du pays. La double identité du Parti travailliste a brouillé sa position, estime l’historien : « D’un côté, il est l’expression politique du mouvement des travailleurs. De l’autre, c’est le parti qui a dirigé la Norvège pendant des décennies et qui est vu comme le garant de notre modèle social. » Après le 22 juillet, c’est ce deuxième aspect qui a primé.

Des survivants menacés

Aurait-il fallu réagir différemment ? Ministre des affaires étrangères à l’époque, Jonas Gahr Store, chef de file travailliste depuis 2014, rappelle que « la Norvège venait de connaître le plus gros choc depuis l’invasion du pays par l’Allemagne nazie, le 9 avril 1940 ». Dans ce contexte, il estime que l’appel à l’unité était « la meilleure réponse ». Mais, aujourd’hui, affirme-t-il, « nous ne pouvons pas continuer à dire que c’était seulement une attaque contre la démocratie, comme le fait la première ministre, Erna Solberg [conservatrice], depuis 2013, car ce n’est pas toute la vérité. C’était aussi une attaque contre le Parti travailliste et AUF ».


Et cette haine n’a pas disparu, au contraire : selon une étude du Centre national sur la violence et le stress post-traumatique, un tiers des survivants reçoivent plus ou moins régulièrement des menaces : « En général, ce sont des messages sur les réseaux sociaux où les auteurs disent qu’ils vont finir le boulot que Breivik a commencé, explique Tonje Brenna. C’est pire pendant les campagnes électorales, ou quand je participe à un débat sur un sujet comme l’immigration. Je réfléchis longuement à ce que je vais dire. »

Dix ans après les attaques, AUF réclame la mise en place d’une commission sur l’extrémisme. « Il est temps de reconnaître que quelque chose ne fonctionne pas dans notre société et que nous ne parvenons pas à prévenir la radicalisation de certains jeunes hommes blancs », explique Astrid Hoem. L’initiative est soutenue par le Parti travailliste. Le 5 juillet, le chef de file des jeunes conservateurs, Sondre Hansmark, a estimé nécessaire de présenter ses excuses aux jeunes travaillistes, « laissés seuls dans un combat que nous aurions dû tous mener avec eux ».

MEMORIAL 98

 

24 juillet 2019: Anders Breivik continue à inspirer les terroristes d'extrême-droite, comme l'auteur des attentats de Christchurch.

                                        Tarrent ( à g.) inspiré par Breivik

En ce huitième anniversaire des massacres de Brievik, on constate qu'il demeure une source  d'imitation et d'inspiration pour les tueurs fascistes de par le monde. Ainsi Brenton Tarrent, auteur des massacres qui ont tué 49 personnes dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande ( voir ici), se réclame explicitement de lui. Il a publié un "manifeste" qui reprend les thèmes de Breivik et déclare même l'avoir rencontré afin de recevoir son assentiment.
Tarrent s'ajoute ainsi à la longue liste des terroristes qui se déclarent inspirés par les actes et l'idéologie de Breivik, y compris en France, comme le craignaient d'ailleurs les antiracistes  et défenseurs des droits de l'homme en Norvège (voir ci-dessous ainsi que lesmises à jour à la fin de l'article )

A la veille de ce huitième anniversaire, le mémorial aux victimes d'Utoya a été profané par l'inscription d'une croix gammée. Deux hommes ont été arrêtés.
Nos pensées pour les 77 victimes de Breivik.   
Memorial 98


MEMORIAL 98

Le 22 juillet 2011, une bombe placée dans une voiture piégée explosait dans le quartier des ministères à Oslo. L'attentat visait une ex-Première ministre, personnalité du Parti travailliste et tuait huit personnes. Une heure et demie plus tard le terroriste d'extrême-droite qui avait commis l'attentat, Anders Breivik,  se rendait sur l'île d'Utoya, à proximité d'Oslo, déguisé en policier. Ce jour-là, avait lieu un rassemblement des membres de la Ligue des jeunes travaillistes (gauche), auxquels l'ancienne ministre déjà visée avait rendu visite un peu plus tôt. 
Breivik pourchasse et massacre méthodiquement les jeunes; il parvient à tuer 69 personnes, soit au total 77 morts dans la journée. «J'ai fini maintenant», a-t-il déclaré aux policiers au moment de son arrestation.

Le procès du militant d'extrême-droite a eu lieu moins d'un an après, en avril 2012, et a duré trois mois. Au début du procès Anders Breivik a fait son entrée le poing levé, provoquant l'assistance. Plus tard, il verse quelques larmes d'émotion devant la projection d'un film "anti-islam" qu'il a réalisé. Le deuxième jour du procès, Breivik veut s'expliquer et lit pendant plus d'une heure un document qu'il a lui-même rédigé, dans lequel il explique vouloir «protéger les Norvégiens de souche» contre «l'invasion musulmane». Il ne montre aucun remords et déclare: «Je le referais.».

Breivik a en effet commis un massacre terroriste précisément orienté

Il a abattu individuellement les jeunes participants au rassemblement de jeunes de la gauche travailliste.   
Il a d'ailleurs déclaré lui-même qu'il avait voulu s'en prendre au Parti travailliste, alors au pouvoir en Norvège, parce que selon lui, ce parti de gauche avait  trahi le pays. Breivik a voulu «  porter un coup d'arrêt au recrutement de nouveaux membres au sein de ce parti », qui selon lui, « favorise la venue massive de musulmans en Norvège ». Islamophobie et lutte contre le "multiculturalisme" constituent les motivations de celui qui avait largement participé aux activités du parti norvégien de la droite radicale, le  "Parti du Progrès" (sic!), ouvertement xénophobe et anti-immigrés dans un pays qui ne se confronte pas à une crise sociale

Le 24 août 2012, le verdict est prononcé: Anders  Breivik est condamné à 21 ans de prison pour «homicides volontaires» et «actes de terrorisme», la peine maximale en Norvège. La justice pourra néanmoins la prolonger s'il reste considéré comme dangereux.
 
Breivik symbolise un terrorisme d'extrême-droite particulièrement actif dans toute l'Europe et aux USA ( Charleston). On notera d’ailleurs la mise en garde de l' avocat qui avait  accepté de défendre Breivik, Geir Lippestad. En tant qu’avocat et que membre du parti social-démocrate, il avait jugé nécessaire de défendre le droit de l'extrémiste à s'exprimer durant son procès, estimant que le débat ouvert reste l'arme la plus efficace contre son discours.
Lippestad s'est ensuite inquiété, dans un livre tiré de son expérience, de voir le tueur d'Oslo devenir un "personnage culte".  Il écrit : "…Quand on voit des images de Russie, des Etats-Unis, d'Angleterre, d'Allemagne, de Grèce, de Suède et d'autres pays où il a des supporters, Breivik est indubitablement en train de devenir un modèle qui peut influencer d'autres personnes à avoir des pensées, des idées et des projets qui à terme peuvent muer des jeunes gens en terroristes et non pas en citoyens respectueux de la loi".

Cette préoccupation à rebondi à l'occasion du 4e anniversaire de la tuerie. Une exposition a ouvert le jour de la date anniversaire de l'événement dans le complexe gouvernemental d'Oslo. Elle présentera au public les souvenirs de cette journée, notamment le faux uniforme de policier que portait l'ultranationaliste le jour de la tuerie, mais aussi sa fausse carte d'identité, des débris de la voiture piégée. Cette exposition  a été organisée par le gouvernement norvégien lui-même et fait polémique. 
Les organisateurs ont expliqué vouloir montrer les preuves accablant Breivik, telles qu'elles ont été présentées au procès. Certaines familles de victimes décrient cette exposition. Un des avocats des parties civiles au procès, John Christian Elden, s'est indigné sur Twitter: «Un musée Breivik dans le complexe gouvernemental ? Non merci. Envoyez ces objets au musée criminel de Trondheim à la place.» Un militant des Verts norvégiens a, lui, parlé du risque que «ce "centre d'information" devienne un lieu de pèlerinage pour l'extrême droite». 

Le danger est en effet réel dans un contexte marqué par l'offensive xénophobe et le développement de noyaux terroristes fascistes particulièrement violents. 

Memorial 98 
Mise à jour du 27 juillet 2018 

En ce septième anniversaire de la tuerie de Breivik, nous saluons la mémoire des victimes de ce terroriste qui continue à inspirer des crimes de haine à travers le monde, comme aux USA à Charlottesville et encore en France récemment avec le groupe de l'AFO qui prévoyait d'empoisonner les rayons hallal de supermarchés. 



Mise à jour du 22 juillet 2017

En ce sixième anniversaire des massacres d'Oslo et d'Utoya, nous rendons hommage aux 77 victimes de Anders Breivik. 

Cette date donne lieu depuis plusieurs années à des actes de terroristes d'extrême-droite (voir ci-dessous), fort peu surveillés et punis.

Memorial 98

Actualisation du 3 juillet 2017.


Un an après l'attentat de Munich (voir ci-dessous) l’anniversaire de la tuerie de Breivik inspire à nouveau des terroristes d'extrême-droite, cette fois-ci en France. 

Deux suspects de projets d'actes terroristes arrêtés ces jours-ci font explicitement référence à la tuerie de Norvège. L'un voulait tuer des " musulmans, juifs, noirs, homosexuels" ainsi que le président Emmanuel Macron. L'autre voulait mener des "actions" contre les "blacks" et "racailles"  

Ce dernier a notamment été repéré car il était l’administrateur d’une page Facebook « des amis de Breivik ». On pouvait notamment y lire : « rebeus, blacks, dealers, migrants, racailles, djihadistes, si toi aussi tu rêves de tous les tuer, nous en avons fait le vœu, rejoins-nous ! »

Interrogé par les enquêteurs, il n’a pas caché ses affinités avec les idées néonazies. Il a admis avoir été membre de plusieurs associations ou groupuscules appartenant à la mouvance d’ultradroite, dont le Mouvement populaire pour une nouvelle aurore (MPNA), inspiré du parti néo-nazi grec "Aube dorée".


Ce groupe "MPNA" est impliqué dans la profanation de la stèle du résistant de l' "Affiche Rouge"  Missak Manouchian à Marseille depuis 2014. Les méfaits de ses membres sont donc connus et  on peut s' étonner qu'ils aient pu bénéficier d'une telle latitude d'action.



Il se vérifie donc que Breivik sert de modèle à une mouvance terroriste néo-nazie, dont les actions sont trop peu surveillées par la police, la justice et les médias.

MEMORIAL 98
  



 Actualisation 23 juillet 2016

Selon la police allemande "le lien est évident" entre l'auteur de la tuerie de Munich du 22 juillet et le tueur norvégien Anders Breivik;  l’auteur du massacre utilisait la photo de Breivik comme identifiant de sa messagerie WhatsApp. On notera aussi qu'il a réalisé ses attaques le jour du 5e anniversaire du massacre d'Oslo.

Memorial 98

Actualisation  22 juillet 2016

En ce cinquième anniversaire des massacres d'Oslo et d'Utoya, nous rendons hommage aux 77 victimes de Anders Breivik. Ses crimes ont été suivis par d'autres de la même veine en Europe et très récemment en Italie.



Actualisation 20 avril 2016:

La justice norvégienne reconnait le droit du meurtrier nazi à ne pas subir une peine d’isolement stricte. Elle applique les principes des droits de l'Homme même à celui qui les rejette totalement; cela constitue une bonne attitude à même de contribuer à réduire l'influence de celui qui se présentait comme un "martyr". 

Elle a donné raison mercredi 20 avril à  Breivik, qui a tué 77 personnes en 2011, dans le procès qu’il a intenté à l’Etat pour des conditions de détention qu’il juge « inhumaines ».
« La Cour (...) est arrivée à la conclusion que le régime carcéral implique un traitement inhumain de Breivik », a estimé le tribunal d’Oslo, faisant valoir que l’extrémiste de 37 ans, qui se présente comme ouvertement néo-nazi, était maintenu à l’isolement depuis près de cinq ans.
La juge a en revanche débouté Breivik d’une demande qui concernait le contrôle de sa correspondance. La censure de ses échanges postaux est justifiée aux yeux des services du procureur par la nécessité de l’empêcher de former un « réseau extrémiste ».

Ce jugement applique le principe énoncé en 2011 par Jens Stoltenberg, alors 1er Ministre Norvégien, après l'attentat d'Oslo et le massacre d'Utoya:
«J’ai un message pour celui qui nous a attaqué et pour ceux qui sont derrière tout ça: vous ne nous détruirez pas. Vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur.»
«Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance.»



Actualisation 15 mars 2016:
Breivik attaque l’État en justice, au nom des droits de l'Homme et fait le salut nazi en arrivant au tribunal.
La justice norvégienne va examiner pendant quatre jours si les conditions de détention du terroriste, qui a été condamné en 2012 à 21 ans de prison suivis d’une détention de sûreté, sont en violation de la Convention européenne des droits de l’Homme.
Le tueur de masse fasciste invoque les droits de l’Homme. C’est en fait la question de l’isolement qui va être au centre des débats cette semaine.  
Breivik jugé sain d’esprit en 2012, devra néanmoins faire face à ses propres contradictions. Il a lui-même refusé ces dernières années des visites ou des mesures de sociabilisation. Il s’est aussi condamné à l’isolement en écrivant noir sur blanc, avant de commettre ses attentats, que la prison était l’endroit idéal pour recruter des combattants.
Breivik cherche aussi et surtout à refaire parler de lui, au grand dam de ses très nombreuses victimes. Dag André Anderssen a survécu au massacre d’Utøya et  il est vice-président de l’association de soutien aux victimes : "Même s’il a essayé de m’enlever la vie, ce procès ne m’intéresse absolument pas. Vu sa personnalité, on pouvait s’attendre à ce qu’il utilise la moindre opportunité pour attirer l’attention sur sa personne.
Nous à l’association, on souhaite surtout que ce procès ne se transforme pas en tribune médiatique pour lui. Cette semaine peut être pesante pour les victimes, beaucoup ressentent comme une obligation de suivre cette affaire au moins un petit peu, cela risque fort de raviver les plaies qu’on tente d’oublier depuis 5 ans…"

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